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Frustration : acceptez qu'ils vous détestent !

Parmi les expériences nécessaires au bon développement des bambins, il en est une pas facile à vivre pour bon nombre de parents : la frustration. Frustrer son enfant, en lui disant « non », en refusant certaines de ses demandes, ou encore en mettant fin à des comportements qui n'ont plus lieu d'être aux vues de son âge, s'avère en effet souvent délicat. Car au moment précis où vous allez le frustrer, vous allez devenir à ses yeux le(la) grand(e) méchant(e) du moment! Et, pendant un temps plus ou moins long selon les chérubins, il va tout naturellement vous détester, ce qui pour certains parents est délicat à supporter...

Frustrer : à quoi ça sert ? 

Frustrer est un mot qu'on n'aime pas ! Et pourtant. À l'heure où certains courants de pensée sur l'enfance prônent le fait d'éviter à tous prix de frustrer les minots, on se retrouve paradoxalement surchargés dans les cabinets de psys par les situations d'enfants devenus anxieux et/ou tyranniques et/ou dépressifs à force de cette «no frustration», et qui, au final, s'avèrent être en quête d'une chose : pouvoir enfin sentir en face d'eux des adultes en mesure de leur poser un cadre stable et des limites claires et sécures. Bref, ce que l'on appelle des «contenants», essentiels à leur bon développement !

 

La frustration est une étape naturelle dans le processus du « grandir ». On la retrouve d'ailleurs à l'oeuvre partout dans la nature. Même les lionceaux vont la connaître au moment où leur mère va leur faire comprendre que désormais elle ne leur ramènera plus la becquetance et qu'il va leur falloir apprendre à chasser seuls ! Et c'est ainsi qu'ils vont se rendre compte qu'ils sont capables de se débrouiller comme des chefs ! Pour l'humain, il en va de même. Comment bébé pourrait-il apprendre que sa bouche sert à mille autres choses qu'à téter si maman ne lui retire pas la tétine à un moment donné ? Comment pourrait-il découvrir sa capacité de marcher si l'adulte ne commence pas à lui refuser un peu ses bras d'un côté, tout en le stimulant et en l'encourageant à se déplacer seul de l'autre ?

 

La frustration est donc le sentiment ressenti inéluctablement par l'enfant lorsqu'il passe une étape : étape d'un avant à un après. D'un comportement acquis à un nouveau comportement à acquérir. Or, pour grandir, il faut apprendre à se séparer de certaines choses, à perdre certains bénéfices pour en construire d'autres, d'une façon nouvelle et plus élaborée... De plus, les limites posées par l'adulte, qui créent naturellement une frustration chez l'enfant au début, ont pour rôle de lui permettre d'intégrer des repères stables, solides et donc sécurisants. Un enfant qu'on ne frustre jamais est un enfant qui se sent tout pouvoir. Or il n'y a rien de plus angoissant pour un enfant que de se sentir tout-puissant face à l'adulte... 

Petit parallèle pour mieux comprendre : si vous étiez en couple avec quelqu'un qui dirait oui à toutes vos demandes, tout le temps, quelle image auriez-vous de lui(elle) ? Comment vous sentiriez-vous dans ce couple ?... Épanoui(e) ?!!!

T' es méchant(e) !

Forcément, lorsque vous allez lui refuser le paquet de bonbons qu'il veut absolument, les 15mn de rab de dessins animés parce que c'est l'heure d'aller à table ou encore le super joujou qu'a son copain parce que vous n'en avez pas les moyens (en lui expliquant le pourquoi de votre refus), votre bout de chou va en toute logique avoir une première phase (assez désagréable somme toute !), qui s'appelle le « pas content » ! C'est cette délicieuse phase où il va vous lancer un regard noir en vous disant « T'es méchant(e) ! Je t'aime plus ! », pleurer tel un dramaturge grec, ou encore partir bouder en claquant sa porte de chambre et en criant qu'il veut d'autres parents...

   

Alors oui, à ce moment précis il vous déteste ! Mais l'enfant vit sur l'instant présent. Là, tout de suite maintenant vous n'êtes pas gentils à ses yeux parce que vous n'avez pas dit oui à son désir. Mais le lien fondamental entre lui et vous n'est pas touché, rassurez-vous ! C'est pourquoi, même s'il n'est jamais agréable de voir votre enfant vous en vouloir, il est essentiel de tenir votre décision. Car ce n'est qu'ainsi que l'enfant va pouvoir apprendre que le monde ne tourne pas qu'autour de lui. Que dans sa famille, il y a plusieurs personnes, et que pour le bien-être de tous, il faut apprendre à respecter les désirs de CHACUN ! Lorsque le parent cède et revient sur sa décision, l'enfant en conclue une chose : « Je fais ce que je veux de papa/maman ! » et l'enfer à la maison va vite s'installer...

J't'aime quand même tu sais !

L'enfant comprenant qu'il ne pourra obtenir ce qu'il voulait, même en se roulant par terre, va assez vite pouvoir renoncer à la première option de satisfaction de son envie, et trouver une autre façon d'y répondre, réalisable et gratifiante pour lui. C'est alors que le même parent qui a été détesté parce qu'il n'a pas porté l'enfant jusqu'à son jouet, l'a posé par terre et l'a incité à l'attraper lui-même, se retrouve quelques instants après le parent formidable devant qui l'enfant jubile de bonheur et de fierté de se rendre compte qu'il a pu l'attraper lui-même !

Aussi, n'oubliez pas que la sorcière ou le monstre ne sont que passagers, et lorsque vous devez dire « non » à votre enfant, accompagnez ce « non » d'explications pour qu'il fasse sens pour l'enfant. Qu'il comprenne le pourquoi de votre refus. Et pointez allègrement tous les bénéfices qu'il aura à franchir le pas. Enfin, dites lui qu'il a le droit de ne pas être content, mais que vous l'aimez quand même tout autant !

©cestpsysimple.janv2018

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