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Le roman familial : toute une histoire !

Il est une période où certains enfants vont se faire un joli ptit film intérieur, dont le scénario est grosso modo le suivant : impossible que mes parents soient mes parents ! J'ai dû être adopté ! En fait, mes vrais parents sont formidables, pas comme ceux que j'ai là! ».

Le plus souvent, tout se passe dans la tête du minot en off, et ses parents n'en sauront rien. Mais parfois l'enfant va l'exprimer, et là, les parents peuvent être un chouilla vexés, piqués dans leur amour propre !

Quelques éléments pour comprendre de quoi il s'agit et savoir comment réagir...

Le roman familial ou l'histoire des « uns vantés ! »

Ce qu'on appelle le roman familial est une histoire que va créer et se raconter l'enfant quant à ses origines.

Cela débute majoritairement au sortir de la période œdipienne (vers 5/6 ans environ), au moment où Bambino a bien capté les différentes choses inéluctables qu'il ne pourra pas changer, et qu'il lui faut intégrer : la différence des sexes, l'interdit de l'inceste, ses origines générationnelles, mais aussi la nécessaire séparation progressive d'avec ses parents désormais bien identifiés comme couple conjugal sexué. (En gros, il commence à capter qu'il ne pourra pas passer sa vie installé pépère entre papounet et mamounette qui combleraient dans la seconde tous ses désirs!)

 

Ces constats peuvent provoquer chez certains enfants une sorte de désillusion et de déception (ah le temps béni de la petite enfance où tout était fusionnel et vécu dans l'insouciance!).

Beaucoup vont s'en tenir à la comparaison avec d'autres parents :  « Le papa de Marie il est vachement mieux que toi ! », « La maman de Chloé elle est trop super belle ! » ou encore, « Il a trop de la chance Matteo parce que ses parents à lui ils sont trop cool ! ».

 

Chez d'autres enfants cependant, la déception va donner lieu à une autre option : ré-inventer carrément la réalité pour éviter d'avoir à se coltiner celle-ci, trop dure à encaisser pour le moment !

(Notons que nous autres adultes aimons aussi parfois nous raconter des histoires pour éviter d'affronter certaines réalités!)

Pour tenter de ne pas avoir à gérer les différentes choses auxquelles il doit renoncer avec ses parents réels, l'enfant va donc s'inventer d'autres parents : forcément plus beaux, plus forts, plus riches, plus incroyables, plus héroïques, plus aimants bref : parfaits !

Ces parents parfaits vont venir compenser la ptite déception de ses parents réels: imparfaits, avec leurs défauts, les frustrations qu'ils engendrent parfois, et tutti quanti !

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Le roman s'apaise ensuite, (l'enfant commençant à investir beaucoup plus le monde extérieur) mais peut resurgir à l'adolescence, sous une autre forme cependant : les idoles ! Je vais prendre des modèles qui eux sont trop tops, à l'inverse de mes parents supers nazes !

 

A noter que le roman familial peut concerner un parent, ou les deux.

Quand c'est un seul, il s'agit le plus souvent du père, Bambino ayant capté la reproduction, et le fait que le père d'origine est plus incertain que la mère... !

À quoi ça sert ?

Le roman familial sert donc à essayer de contourner un temps une réalité trop difficile à encaisser d'un coup !

 

On peut noter 3 grandes situations liées à l'arrivée d'un roman familial :

  • Renoncer aux parents idéalisés de la petite enfance et de l’œdipe : il est plus facile de se séparer de quelqu'un qu'on trouve nul que quelqu'un de formidable ! En s'inventant d'autres parents extraordinaires, et en mettant ainsi ses vrais parents en place de nuls, l'enfant cherche à se faciliter la séparation. Pour comprendre, y a qu'à voir qu'on fait pareil ! Lors d'une rupture, il y a ce petit temps où je vais passer en revue tous les défauts de l'autre parce que ça m'aide à avoir moins mal ! Et en plus, je me dis qu'il y a un être bien mieux que cet(te) ex qui m'attend quelque part, forcément !

 

  • Compenser un parent absent : les enfants qui pour différentes raisons ont un parent absent, ou qu'ils voient très peu et en souffrent, peuvent, pour pallier à cette souffrance s'inventer un autre parent qui lui, forcément, serait très présent, gratifiant etc.

 

  • Surmonter un traumatisme : bien évidemment, dans des situations d'abandons, d'orphelinat, de parents maltraitants etc, l'option du roman familial va aider l'enfant à compenser dans son imaginaire la réalité douloureuse qu'il vit : sorte d’échappatoire réconfortante au vide et à la souffrance...

Comment réagir ?!

La plupart du temps, les parents n'ont pas accès au roman familial de leur enfant puisque, comme nous l'avons souligné, celui-ci se passe exclusivement dans sa petite tête et son inconscient !

Mais il peut arriver qu'au détour d'une dispute ou autre, l'enfant lance une phrase du type « Ben je m'en fiche parce que mes vrais parents ils vont bientôt venir me rechercher ! »... Gloups !!!

 

Pas de panique !

Il faut bien comprendre une chose alors : ce que l'enfant rejette de vous à ce moment-là, ce contre quoi il est en colère, ce n'est pas VOUS mais l'idéal qu'il avait placé en vous ! À ce moment-là il est en pleine lutte intérieure entre le parent idéal et jamais frustrant qu'il aurait voulu avoir ou bien garder (impossible en vrai !) et la réalité de son vrai parent, humain, tel qu'il est.

 

Aussi, jamais de réprimandes si un enfant dit cela ! Car souvent, il culpabilise déjà un peu de vous en vouloir de ne pas être exactement comme il voudrait. Donc s'énerver ou sur-réagir ne ferait qu'envenimer sa culpabilité et renforcer son conflit intérieur du moment.

 

Au contraire, acceptez qu'il ait besoin de ce temps pour composer avec la réalité, l'apprivoiser, et même, lors d'un temps calme avec lui, de revenir sur ça, et de lui dire :

« Je repensais à ce que tu disais l'autre jour : ben moi, je crois que si j'avais pu avoir d'autres parents, j'aurais bien aimé que ce soit untel et unetelle. Oh ouais ! J'aurais adoré ! Mais bon, j'ai mes parents en vrais et ils ont des cotés chouettes mais parfois ils sont énervants ! Mais ce sont mes parents, c'est comme ça. Et toi ? Comment ils seraient les parents que tu voudrais si on imagine ? Ils feraient quoi dans la vie ? Etc »

En faisant cela, vous l'autorisez à ressentir ce qu'il ressent sans jugement, à se dépatouiller comme il peut, et vous replacez en même temps la différence entre réel et imaginaire de façon sécurisante: oui, on a bien le droit de rêver un peu, mais il y a la réalité aussi...

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Personne n'interdit de faire parfois des petits allers-retours entre les deux !

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©cestpsysimple.fev2018

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