
Le stress chez l'enfant: preuves scientifiques à l'appui...
Mais que pointent vraiment ces fameuses études ?
Bien qu'il y ait des éléments fort intéressants et pertinents dans le discours des pros parentalité positive, il est un terme qui revient en boucle chez certains: le stress de l'enfant. Toute une palette de mots, d'actions, d'expressions faciales etc, viendraient ainsi générer un énorme stress chez Bambino qui s'en retrouverait le cortex tout abîmé !
Oui, il faut éviter de stresser les petiots, ça semble évident ! Et oui, lorsqu'ils sont stressés il faut les aider à réguler et s'apaiser.
Mais ne mélangeons pas tout : il y a stress et stress, et les fameuses études scientifiques appelées à la rescousse ne parlent pas exactement de la même chose... Explications !

Le grand méchant stress !
On ne peut pas éduquer un enfant sans devoir à un moment ou l'autre lui poser une limite, lui refuser une demande, etc, et inévitablement générer chez lui une frustration, une colère, voire donc un stress. Tout l'art est de lui apprendre à réguler celui-ci, vu que du stress, il en aura à moult occasions dans sa vie !
Mais à lire certains articles ou écouter certaines conférences sur la parentalité positive, en matière de stress chez l'enfant on a parfois l'impression que les minots à qui l'ont va refuser le bonbon avant le repas vont vivre un stress énormissime et extrêmement dommageable pour leur santé tant physique, neurologique, que psychologique...
Je m'interroge donc ! De quel stress parle-t-on, vu qu'à l'heure actuelle le mot est employé à toutes les sauces ! Et par ailleurs, ne poussons-nous pas le bouchon un peu loin ?
« Non madame ! Nous avons des preuves scientifiques ! » (Notez au passage qu'elles ne sont quasiment jamais mentionnées en bas des articles...)
Certes ! Et bien curieuse de nature, j'ai fouiné, et suis allée voir certaines d'entre elles...
C'est scientifique, alors pouet pouet !
Fort heureusement, la science et notamment les neurosciences s'intéressent de plus en plus au fonctionnement du cerveau de l'enfant et aux réactions de celui-ci face à certaines situations dommageables. Top ! Car en matière de souffrance de l'enfant, il y avait en effet du boulot à rattraper !
Dans les rarissimes articles de parentalité positive présentant des références bibliographiques scientifiques, en voici un de Catherine Gueguen (une des seules à le faire, donc merci Madame):
https://pepsmagazine.com/les-punitions-ont-elles-un-effet-sur-le-cerveau/
L'article est très bien fait, et à la différence de beaucoup, pointe les effets des vraies dérives éducatives et pas des petites tensions naturelles de n'importe quelle vie parentale quotidienne.
Mais ce sont visiblement ces mêmes études sur lesquelles d'autres s’appuient pour certifier le stress monstrueux vécu par l'enfant à qui l'on dit « non ! ». Parmi les études citées à la fin de l'article de Mme Gueguen, prenons-en 3 au hasard :
Etude 1 : « Le stress précoce est associé à des altérations du cortex orbitofrontal: Une étude de morphométrie à base de tenseurs de la structure cérébrale et du risque comportemental »
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2893146/
On note alors que cette étude porte sur : « Les personnes qui souffrent d'une adversité précoce, comme la maltraitance des enfants », « victimes d'abus précoce », « des enfants qui ont été victimes d'abus physiques vérifiés » etc...
Etude 2 : « L'exposition à la violence verbale parentale est associée à une augmentation du volume de la substance grise dans le gyrus temporal supérieur. »
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20483374
Celle-ci a comme objet d'étude : « L'exposition à l'agression verbale parentale (APV) pendant l'enfance » , « Des études antérieures ont démontré une augmentation de GMV GMT chez les enfants ayant des antécédents d'abus », etc.
Etude 3 : « Des bâtons, des pierres et des mots blessants: effets relatifs de diverses formes de maltraitance infantile. »
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16741199
« La maltraitance infantile est un facteur de risque psychiatrique important ». (...) « La recherche s'est principalement concentrée sur les effets de la violence physique, de la violence sexuelle ou de la violence conjugale. L'agression verbale parentale a reçu peu d'attention en tant que forme spécifique d'abus. Cette étude a été conçue pour délimiter l'impact de l'agression verbale parentale, de la violence conjugale, de la violence physique et de l'abus sexuel, eux-mêmes et en combinaison, sur les symptômes psychiatriques ».
Vous l'aurez compris : les études citées traitent principalement de l'impact de ce que l'on appelle des psychotraumatismes. Il s'agit donc d'études ayant porté sur des enfants qui ont subi des maltraitances physiques, sexuelles, des violences verbales avérées et répétées, des chocs psychologiques précoces (séparation violente d'avec un des parents) etc, dans des situations familiales fortement altérées et pathologiques.
Dans le cas du psychotraumatisme, oui, le cerveau de l'enfant est endommagé. Pour preuve, les amygdales de Flavie Flament, ayant été violée à 13 par David Hamilton, sont bel et bien atrophiées du fait du choc traumatique et des ses conséquences : le syndrome post-traumatique.
Aussi, la question qui pourrait se poser (si pour le coup on veut être un brin dans une attitude scientifique!) serait:
Peut-on comparer l'effet d'un abus sexuel, de coups de ceinturons répétés (ou pierres et bâtons) et autre maltraitance avérée avec un « Non ! Ça suffit maintenant ! Tu éteins la télé et tu viens manger ! »... ???

le risque : stresser les parents !
A force d'expliquer aux parents qu'ils génèrent un stress toxique dans le cerveau de leurs bambins (en gros qu'ils les traumatisent donc!) quand ils ont parfois du mal à rester cools avec eux, on culpabilise ces parents et on génère chez eux du stress : celui de mal faire. Pire encore : de faire du mal au cerveau de leur progéniture !
Or, un enfant avec un parent tout stressé, je ne suis pas bien sûre que ce soit très...positif !
Aussi, ne mélangeons pas tout ! Un petit tri dans les infos s'impose.
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Oui, il faut essayer d'être un max bienveillants avec les enfants au quotidien. Et oui, ça demande de faire des petits efforts, pour le mieux-être de chacun.
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Non ! Le cerveau émotionnel de votre enfant n'a rien à voir avec celui des enfants victimes de maltraitance et d'abus sexuels sur lesquels portent la majorité de ces études scientifiques !
Comparer les conséquences du stress post-traumatique aigu sur la vie et le cerveau des enfants victimes de graves traumas avec les frustrations des enfants de familles en «suffisamment bonne santé », je me dis que c'est peut-être pas très respectueux des premiers...
Alors des références scientifiques, oui ! Mais si possible, des études qui portent exactement sur le sujet étudié seraient bien plus adaptées et intéressantes, non ? !
Mais en existe-t-il ?...
©cestpsysimple.janv2018
