
Le "Bouddhatisation" des minots !
Je suis récemment tombée, sur un site prônant la méditation (notamment la fameuse méditation de pleine conscience), sur cette phrase que je vous laisse... méditer!
« Mais voilà, comment faire pour donner envie aux enfants de faire des exercices au calme
alors que souvent ils n’ont qu’une envie c’est de jouer et se défouler ».
Peut-être suis-je « has been », mais le propre d'un enfant n'est-il pas d'avoir envie de jouer et de se défouler ? Le jeu n'est-il pas une des composantes fondamentales de son développement ? Un des attributs majeurs de l'enfance ? Qu'avons-nous donc à vouloir couper l'enfant de ses élans naturels (et sains!) pour l'inciter à pratiquer des activités d'adultes ?
Quand le yoga et la méditation peuvent être un plus.
Il est à l'heure actuelle des CDs et autres vidéos présentant des exercices de relaxation-méditation-yoga à faire pratiquer aux enfants pour qu'ils se détendent et apaisent donc leur esprit. Pourquoi pas : certains enfants vont pouvoir tirer bénéfice de ces petits exercices, et avoir plaisir à faire le point sur « leur météo intérieure » comme on dit ! D'ailleurs, on note souvent que c'est accompagné par un adulte (parent, professeur etc.) que l'enfant peut être en mesure de retirer les bienfaits de ce type de pratique. Car plus que l'outil, c'est le moment partagé, le lien à l'adulte qui va lui faire du bien, l'apaiser en toute sécurité. Les institutrices qui invitent les élèves à un temps calme afin de revenir à soi en début de cours ont souvent des résultats très positifs. Tout comme certains parents qui vont faire un petit exercice de relaxation avec l'enfant au moment du coucher.
Mais il faut souligner qu'inciter les enfants au calme intérieur ne peut avoir de sens pour eux que si l'adulte qui les incite à cela inspire lui-même le calme intérieur ! Par ailleurs, n'est-ce pas dans nombre de cas un joli pansement pour cacher le cœur du problème du stress et de l'anxiété chez l'enfant ? Son origine réelle ? Car le danger pourrait bel et bien être le risque de tomber dans le « Vas méditer pour te calmer ! » au lieu d'ouvrir un espace de dialogue avec l'enfant en lui demandant «Qu'est-ce qui t'agite autant aujourd'hui ? As-tu des soucis ? Racontes-moi ce qui t'arrive... ». L'adulte est-il prêt à entendre ce que l'enfant a à dire ?
La méditation est souvent une invitation au silence. Or un enfant stressé ou anxieux a souvent bien plus besoin de paroles et de dialogues que de silence...
Conçu par Freepik
Adultes stressés = enfants bons à méditer !
Cette impulsion massive à faire méditer les enfants serait-elle de mise si les adultes d'aujourd'hui étaient plus calmes, plus sereins dans leur propre vie ? Plus en accord avec leurs désirs profonds ? Sans doute pas ! Car un adulte posé et bien dans ses baskets supporte parfaitement qu'un enfant chante, danse, bouge, crie, joue, rêve, bref : fasse sa vie d'enfant ! Aussi, ne serait-ce pas une façon de détourner notre regard de nos propres natures stressées du moment, dues à nos frustrations notamment, pour reporter le problème sur ces enfants qu'il faut à tout prix « calmer » ? Et si nombre d'adultes succombent à l'appel de la méditation uniquement parce que c'est à la mode et qu'on nous dit que c'est bon pour la santé et le bien-être, sans se demander si ça leur parle vraiment, si ça leur correspond, arrêtons de faire la même erreur avec les enfants !
Mille et une autre façons de se calmer
Si l'on observe vraiment un enfant, si on l'écoute, on peut assez facilement repérer les activités qui vont l'aider à se détendre quand le besoin se fait sentir. Un enfant plein d'énergie sera souvent plus enclin à atteindre la détente après s'être défoulé au parc ou dans le jardin. Parce que pour lui, c'est d'évacuer physiquement les tensions qui va lui permettre de revenir à un état plus calme. L'action lui permet de se « dé-penser » ! Pour un autre, c'est l'imaginaire qui va lui permettre de sortir de sa journée et d'évacuer les idées ou ressentis qui l'encombrent, à travers un livre, ou une histoire inventée avec des playmobils ou des poupées. Pour d'autres encore, la détente passera tout simplement par un gros câlin tout doux dans les bras de maman ou de papa...
Vous l'aurez compris : chaque enfant est unique, singulier. A nous adultes d'écouter ses besoins à LUI et de mettre en place ce qu'il faut pour y répondre de façon adaptée. Cessons de faire des enfants des sortes de clones en série à qui asséner la même technique pour essayer d'en faire des angelots contemplatifs ! Siddhartha lui-même, avant de devenir le Bouddha, n'est-il pas passé par un développement naturel de « je joue, je parle, je me défoule avec mes copains et je profite de mon enfance » ?!
Lien vers: Quand la "Météo intérieure" sabote le lien de l'enfant avec Dame Nature...
©cestpsysimple.dec2017