
Quand l'enfant manifeste ce que le parent tait...
Il est souvent fascinant en thérapie avec les enfants de constater que, sans que l'enfant n'en ait conscience, le symptôme pour lequel on l'emmène consulter vient très souvent faire écho à une expérience ou une problématique similaire chez son/ses parents.
Comment les enfants font-ils pour « capter » ce que les parents ont enfoui, ou tentent de mettre de côté pour eux-mêmes ?

Le fond et la forme...
Lorsque qu'un adulte a fait une expérience douloureuse au cours de sa vie, l'impact de cet événement possède deux versants : la forme et le fond.
-
la forme est la connaissance de ce qui s'est passé, le sens donné, la réprésentation consciente de l'évènement.
-
Le fond s'apparente à tous les ressentis internes, physiques et psychologiques attachés à l’événement : accélération cardiaque, nervosité, peur, tristesse etc.
Aussi, par rapport à une souffrance vécue, le parent peut être OK avec les deux versants de l’événement. Mais il arrive souvent que le fond émotionnel ait été enfoui, ficelé au fond de l'être. Il n'en reste pas moins qu'il transpire à travers des gestes, des réactions, des tensions, qui parfois se manifestent à notre insu.
Exemple : une maman a été très perturbée par le divorce de ses parents quand elle avait 12 ans. Adulte, elle sait que ce divorce lui a fait mal. Elle peut en parler objectivement. Mais son ressenti émotionnel d'enfant n'a pu s'exprimer à l'époque parce que ses parents étaient en guerre, et que personne n'a fait attention à ce ressenti. Elle l'a donc ravalé, enfoui.
Mais aujourd'hui, lorsque son mari doit s'absenter quelques jours pour son travail, l'émotion enfouie est ravivée inconsciemment par la thématique de la « séparation ». Et cette maman sans forcément s'en rendre compte, va comme « transpirer » un stress, une peur, mais aussi une tristesse. Celle éprouvée à l'époque de ses 12 ans, et revécue ici en décalé...
Et c'est cela que l'enfant va capter.
L'enfant manifeste le fond
Si l'on poursuit cet exemple, l'enfant ici va sentir qu'il se passe quelque chose chez sa mère, mais sans en avoir l'explication d'origine. Du coup, il va essayer de donner du sens par rapport au présent : papa part quelques jours.
Certains enfants vont alors en déduire que le fait que papa parte est dangereux. Ce n'est pas sécure. Il se passe quelque chose, que l'enfant ne comprend pas vraiment. Mais toute l'ambiance émotionnelle de la mère au moment du départ du père va être captée par l'enfant.
Il arrive donc que, quelques temps après, l'enfant se mette à avoir une angoisse de séparation quand son père doit s'en aller, avec des crises de larmes.
Les parents s'inquiètent donc, et on emmène l'enfant consulter.
Or l'enfant dans ce cas-ci manifeste l'émotion restée bloquée chez le parent. Et il est souvent difficile pour un parent de faire le lien tout seul.
L'angoisse et la tristesse manifestée exprimée par l'enfant à ce moment là vient parler de celle ressentie par la mère à l'époque, mais qui n'a jamais pu s'exprimer.
Un autre exemple pour bien comprendre.
Un père à une colère noire contre sa mère. Mais par peur de la décevoir, ou de l'abîmer, il ravale sa colère depuis des années. Pourtant celle-ci vient cogner régulièrement. Quand mamie vient à la maison, l'enfant capte que son père n'est pas pareil : rigide, nerveux, il s'agace pour un rien, parle sèchement à mamie. Il a le visage fermé. Il n'est pas comme d'habitude.
Il peut arriver dans ce cas que l'enfant se mette à agir ce que le père fige en lui : la colère.
Et ayant senti inconsciemment que cela concernait une maman, une forme possible de l'expression de l'enfant va être l'arrivée de crises de colère et d'opposition envers sa mère...
Si le père prend alors conscience de ce dans quoi il se retrouve bloqué, l'enfant n'a plus à le manifester.

Quand le(s) parent(s) accepte(nt) de voir
Lorsque le parent, en séance, se met à faire le lien avec l'aide du psychologue, mais surtout qu'il accepte de regarder et exprimer enfin son émotion restée emmurée toutes ces années, l'enfant, entendant l'histoire de son parent, va pouvoir obtenir ce qui lui manquait au départ : la forme.
Un sens est donné à ce qu'il ressentait de façon le plus souvent inconsciente du « malaise » de sa mère/son père.
Et ce faisant, il peut dissocier départ de papa de divorce de papi/mamie pour maman.
Colère de papa pour mamie, de colère envers maman.
Les choses se placent, les émotions se libèrent. Chaque ressenti revient en quelques sorte à son propriétaire.
Alors, l'enfant est libéré de ce qui ne lui appartenait pas mais dont il sentait le besoin d'être exprimé...
C'est pourquoi, lorsqu'on amène un enfant consulter, le problème se règle d'autant plus vite que les parents coopèrent pleinement à l'histoire qui est en train de se raconter via le comportement de l'enfant.
Cela peut sembler à certains étonnant, magique, ou trop simple. Et pourtant.
C'est bien souvent en écoutant ce que le « symptôme » de l'enfant raconte en profondeur et en interrogeant les parents sur ce que cela provoque chez eux par rapport à leur propre histoire que bien des situations de difficultés voire véritables souffrance psychologiques s'apaisent, et que la famille s'en trouve libérée.
L'énergie re-circule enfin, pour le bien-être de tous !
Lien vers: « Fais ce que je dis, pas ce que je fais », ou les risques de l'incohérence éducative !
©cestpsysimple.mai2018