
L'enfant, le Psy et le secret...
La plupart des enfants sont emmenés chez le psy à l'initiative des parents. Certains demandent cependant parfois eux-mêmes à aller parler à un quelqu'un de leurs soucis.
Là, ils découvrent qu'ils peuvent tout dire à cette personne, et que cela pourra rester secret. Cet espace privé, en dehors de leur famille, leur apparaît alors souvent comme une zone privilégiée pour exprimer ce qui les tracasse, en toute sécurité.
Pourquoi l'enfant ne dit-il pas certaines choses à ses proches ?
Quel est le rôle de ce secret ?
Réponses à ces questions qui intriguent beaucoup de parents !

Pourquoi parfois un enfant ne dit pas ?
Il est des sujets qui amènent l'enfant à ne pas vouloir/pouvoir parler à ses parents ou à ses proches de ce qui lui pose problème ou le fait souffrir. En voici 3 principaux :
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les cas où l'enfant pense qu'il est responsable/coupable d'une situation, ou bien de ressentir certaines émotions (comme de la colère ou de l'agressivité), ou encore d'avoir certaines pensées qu'il juge mauvaises envers un de ses proches par exemple
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Les cas où l'enfant sent son/ses parents fragilisé(s) ou trop occupé(s) avec ses(leurs) propres soucis : exemple d'une période de divorce où les parents sont en conflit, ou bien aussi les cas de deuil, ou la dépression d'un parent. L'enfant va garder pour lui ce qui le perturbe afin de ne pas déranger son/ses parents, ou de les protéger.
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Les cas où l'enfant s'est retrouvé tétanisé par une menace, ou bien un choc traumatique. Le silence va régner en maître dans ces cas-là : harcèlement avec menace à l'école, agressions sexuelles, etc. Dans la majorité écrasante de ces situations l'enfant n'en parlera pas à ses proches.
Autre point : ses parents sont des êtres avec qui il doit composer chaque jour. Et les enjeux affectifs de ces relations intra-familiales sont très importants. L'enfant a donc souvent le réflexe de ne pas dire par peur :
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d'être jugé : faible, ridicule, méchant etc.
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de décevoir son/ses parents, et par voie de conséquence d'être moins aimé, voire rejeté
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qu'on ne le comprenne pas, d'être bizarre, anormal.
Parfois, il a essayé de dire, mais les parents n'ont pas entendu, ou bien ont minimisé. Car il est fréquent que l'enfant qui essaye de lancer une perche fasse plein de détours, et essaye d'amener la chose sur la pointe des pieds. De plus il ne sait souvent pas lui-même exactement ce qui se passe en lui, et donc l'expliquer avec des mots. Parfois aussi, pour éviter le face à face qui lui fait un peu peur, il va lancer deux trois phrases pile poil au moment où son parent est occupé à autre chose !
Du coup, ne pouvant dire ce qui le mine via la parole, ce sont le corps et les symptômes qui vont prendre le relais. Et vont apparaître en fonction de la situation problématique vécue par l'enfant: angoisse, tristesse, accès de colère, troubles du sommeil, énurésie etc.
Et l'enfant va être amené chez le psy...
L'enfant et le Psy
Cette place particulière du psy que l'on propose à l'enfant est de pouvoir dire ce qui le perturbe à une personne avec laquelle il n'est pas engagé affectivement au quotidien. Cet espace qui fait office de bulle protectrice, comme une parenthèse hors de la vie de tous les jours et de ceux que l'enfant y côtoient.
C'est exactement comme pour un adulte qui souhaiterait se confier à un psy.
Mais la grande différence ici, est qu'un adulte peut le faire de lui-même, sans demander à qui que ce soit vu qu'il est indépendant. L'enfant lui, non !
Une fois le rôle du secret expliqué par le psy à l'enfant, celui-ci va pouvoir être rassuré sur le fait que ses paroles ne risquent pas de blesser ou décevoir ses parents.
Comme pour nous autres adultes, il y a des choses dont on n'a pas envie de parler avec des proches. Ce n'est pas que l'on n'a pas confiance, mais qu'il s'agit de choses que l'on souhaite déposer quelque part, sans risque d'être jugé, pour pouvoir quitter ensuite cet endroit de passage.
Dans les thérapies avec les enfants, on respecte donc le secret autour de ses paroles. On travaille avec lui également le pourquoi il n'a pas osé en parler.
De fait, il arrive souvent que des enfants se mettent spontanément à vouloir en parler à leurs parents au bout de quelques séances. La présence du psy les rassure alors. Il ne sont pas en face à face direct.
D'autres enfants garderont tout pour eux, ou une partie.
Le psy doit en revanche aiguiller les parents sur l'état de l'enfant, là où il en est. Et cela me semble important, sachant qu'un enfant se construit avec ses parents ! Impliquer ces dernier et leur donner des moyens d'action est donc bénéfique pour la résolution du problème rencontré par l'enfant.
Par exemple : si un enfant est emmené en séance pour des pleurs fréquents et une tristesse importante, laisser les parents dans l'ignorance totale du pourquoi de l'état de leur enfant ne fera que générer davantage d'angoisse chez eux, et cela n'aidera en rien l'enfant !
Dire que l'on a pu trouvé avec l'enfant ce qui le rend triste et qu'on y travaille, ne trahit pas le secret dont l'enfant a besoin, et rassure les parents.

Conseils aux parents et aux proches
Lorsqu'un enfant consulte un psy et qu'au départ ses proches ne comprennent pas l'origine du problème, il est important de respecter le chemin thérapeutique de l'enfant.
Aussi, même si ça vous titille :
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Si l'enfant n'a pas envie de vous dire ce qu'il a dit/fait en séance, ne le martelez pas de questions ! Il a le droit d'avoir son espace privé.
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Ne le faites pas culpabiliser (consciemment ou inconsciemment!) en faisant un bouille déçue face à sa non-envie de partager ça avec vous !
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Si vous êtes divorcés, ne tentez pas les « et à ton père tu en parles ? », « je suis sûr que tu en parles à ta mère ! »...
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S'il vous raconte tout après la séance, écoutez-le, mais dites lui aussi que s'il le souhaite, il n'est pas obligé de tout vous dire, qu'il a le droit d'avoir ses petits secrets avec son/sa psy.
Enfin, certains parents sont parfois un peu vexés que leur enfant dise des choses au psy et pas à eux ! D'autres sont un peu piqués dans leur amour propre si l'enfant repart de séance tout sourire en disant « j'adore venir voir Mme trucmuche, elle est trop gentille ! ».
Rassurez-vous, le psy ne prend pas la place du parent !
Madame Psy ou Monsieur Psy est juste une personne qui va faire un bout de chemin avec votre enfant pour l'aider à sortir de son soucis et reprendre ainsi le cours de son existence tranquille.
C'est vous son parent. Pas le Psy. Et un parent n'est pas tout puissant ( Un psy non plus!): il ne peut pas tout régler et tout comprendre de ce qui se passe dans la tête de ses bambins !
Le psy est alors là pour faire comme un petit relais, une sorte d'intervention externe en CDD.
Vous, rassurez-vous, vous êtes en CDI !!!
Lien vers: Enfants sages... Vigilance !
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