
Et la f.r.a.t.r.i.e se f.r.i.t.e.r.a !
La fratrie...
Ce petit rassemblement plus ou moins grand de chérubins d'âges, de personnalités et de caractères souvent bien différents. Les parents s'attendent à ce que ces petits êtres s'entendent à merveille: ah, le rêve de la famille idéale! Aussi, lorsqu'ils décident d'agrandir cette dernière en mettant en route un nouvel enfant, ils imaginent toujours leurs petiots jouant harmonieusement tels les enfants de Charles et Caroline Ingall's. Mais la déception arrive inévitablement lorsqu'ils entendent les premiers hurlements de leur progéniture, accompagnés du camion Légo qui vole dans la pièce suivi de très près par la poupée avec les cheveux tout coupés...!

Pourtant. Le mot "fratrie" lui-même annonce la couleur: En effet, son anagramme* donne tout bonnement "fritera"! Et oui, pas de lien fraternel sans un minimum de "fritage". Car rappelons-le: frères et sœurs se retrouvent sous le même toit sans l'avoir choisi. Et, comme tout être humain, l'élan premier de l'enfant est d'être vu, remarqué, voire adoré et préféré. Or, dans sa quête, il se heurte à cet(ces) autre(s) qui lui(eux) aussi a(ont) le même but. Forcément, une lutte va souvent s'installer, et avec elle parfois, le douloureux sentiment d'être moins aimé que son rival. D'où la jalousie, pas facile à gérer pour nombre de parents car souvent tenace !
Se friter, c'est bon pour leur santé !

Tant qu'elle est modérée, cette rivalité va pousser l'enfant à se dépasser, se chercher, se différencier pour affirmer sa singularité. « Moi t'as vu papa, je dessine mieux que Léa ! ». « Oui mais moi je sais faire la roue et pas toi ! ».
Comme pour nous autres adultes, l'esprit de compétition est souvent un moteur. Ça pousse en avant, ça stimule ! Et cela permet de découvrir ce que l'on sait faire, et ce que l'on ne sait pas faire. Nos talents, et ceux que l'on n'a pas. Bref, se friter, s'opposer, c'est l'occasion de peaufiner sa personnalité.
De plus il ne faut pas oublier que les enfants expriment spontanément, dans l'ici et maintenant, leurs émotions et sentiments. Contrairement aux adultes qui ont appris (souvent trop!) à réfréner l'expression de leurs ressentis, les enfants eux leur laissent libre cours. Et le « Je te déteste parce que tu me prêtes pas ton jouet », peut être suivi 10mn plus tard du « Viens on va jouer ensemble dans le jardin ! ». Valse incessante des « Je t'adore ! » « Je te hais ! » des liens fraternels.
Pour que leurs fritages étoffent leur plumage !
Dans cette dynamique naturelle des enfants, le rôle des parents est de ne surtout pas entrer dans les comparaisons négatives, du type : « Tu devrais prendre exemple sur ton frère, lui, il a des bonnes notes en math ! », ou « Regarde ta sœur, elle y arrive bien, elle, à sauter à la corde ! ». En incitant leur enfant à atteindre le niveau de l'autre dans tel ou tel domaine, les parents vont générer le sentiment d'être décevant, et donc nul, chez l'enfant sollicité. Le frère (ou la sœur) pointé(e) comme référence par les parents va alors être vécu(e) comme écrasant(e), et la jalousie pourra se transformer en rejet ou en véritable haine, car elle sera source de trop de souffrance.
Aussi, pour que le fritage laisse peu à peu place à des oppositions plus soft, souligner la singularité de chacun de vos enfants sera une aide précieuse. Valorisez chaque spécificité, chaque talent. « Oh ! il est magnifique le château en Lego que tu as construit ! Et toi, comme tu fais bien la classe à tes nounours ! ».
Vous pouvez également leur montrer en quoi leur talents respectifs peuvent éventuellement se compléter, s'enrichir l'un l'autre. « Comme toi tu es fort pour inventer les histoires, et toi tu es forte pour dessiner, peux-être vous pourriez fabriquer un livre ensemble ? »
Et lorsque vos enfants se battent pour obtenir le leadership à vos yeux, montrez leur que leurs différences vous ravissent, et que vous seriez bien embêtés d'avoir des enfants qui feraient tout pareil, parce que, franchement, ce serait bien ennuyeux !
Petit exercice ludique : dites à vos enfants d'aller chercher 3 nounours ou jouets qu'ils adorent. Posez-leur des questions sur ce qu'ils trouvent de chouette pour chacun d'eux. Puis, demandez-leur :
" Imaginez si vos 3 nounours (ou jouets) étaient exactement les mêmes ? Tous pareil ! Ça ne servirait à rien non ? Et ça serait nul ! Vous les aimez CHACUN parce qu'ils sont différents et parce qu'avec CHACUN vous pouvez faire des choses différentes non ? Et bien c'est pareil pour les enfants, et toutes les personnes. Si elles se ressemblaient toutes et faisaient toutes la même chose, le monde serait super ennuyeux, et on ne pourrait pas se rendre compte de ce que chaque personne a de formidable et d'unique ! Et moi, j'adore voir et découvrir ce que vous avez chacun de différent et d'unique !"
* Anagrammes: mots que l'on peut former avec les mêmes lettres.
Exemple: frère/ferré, sœur/ourse, ou encore: adulte/éludât ! (étonnant non?!)
Lien vers: Maman, si on mettait frérot à la poubelle?!
©cestpsysimple.janv2018