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Quand une étudiante en Psy se fait passer

pour une ado de 15 ans sur Facebook...

Marie est étudiante en Psychologie. Elle a récemment voulu faire une expérience : se faire passer pour une adolescente de 15 ans sur Facebook afin de voir concrètement ce que c'est qu'être une ado aujourd'hui sur Internet. Elle a donc créé un profil avec des photos d'elle adolescente, puis s'est inscrite sur plusieurs groupes spécialement dédiés aux ados. Ce qu'elle y a vécu est sidérant : des centaines de messages et vidéos pornographiques venant de prédateurs sexuels...

Rencontre avec Marie, et juste avant, petit récapitulatif dans ce reportage que lui a consacré RTL Belgique suite à sa vidéo mise sur youtube :

Interview

C'est Psy Simple (CPS) : Marie, pourquoi avoir voulu mener une telle expérience ?

 

Marie : Je voulais voir ce que c'était vraiment qu'être une ado sur internet en 2018. Si c'était plus sécurisé qu'avant, comme on le laisse parfois entendre, ou si c'était pareil qu'avant, voire pire.

Il se trouve que j'ai moi-même été victime de cyber-harcèlement sexuel lorsque j'avais 13 ans environ.

Au départ, je n'avais pas l'idée d'en faire une vidéo à diffuser, partager. Mais quand j'ai vu l'ampleur du phénomène d'harcèlement sexuel sur les réseaux sociaux, et encouragée par mon entourage, j'ai décidé de faire cette vidéo et de la partager.

 

CPS : As-tu pu parler de ce qui t'était arrivé à l'époque ? Te confier à quelqu'un ?

 

Marie : En fait je suis restée seule avec ça. J'avais honte de parler de ce que j'avais vu. Je me disais : « Est-ce que c'est moi le soucis ? Qu'est-ce que j'ai fait pour voir toutes ces choses ?». Je me sentais coupable d'avoir vu tout ça : propos, images et vidéos pornographiques reçues sur un site d'ados où j'allais. J'avais peur d'en parler, car peur que les gens me jugent, peur de leur réaction. J'ai donc gardé ça pour moi malheureusement.

D'avoir fait cette vidéo et d'en parler ici, je me dis que ça pourra peut-être aider d'autres personnes à sortir du silence. De ne pas rester seul avec tout ça, et de faire prendre conscience aux gens de ce qui se passe.

 

CPS : Cette vidéo que tu as faite c'est en quelques sortes un moyen de parler mais surtout d'alerter donc ?

 

Marie : Oui, c'est pour dénoncer tout ce qui se passe sur les réseaux et qui peut faire des victimes parmi les ados, et aussi pour sensibiliser les gens. C'est mon but premier avec cette vidéo.

J'en avais parlé pour ma part juste avant, savoir si c'était pertinent : on m'a beaucoup encouragée. Mes proches ont été choqués de ce qui m'était arrivée. Moi j'avais fini par me dire que c'était sans doute banal à l'heure actuelle, et que tout le monde était déjà au courant. Mais en parlant avec des proches et avec d'autres gens, je me suis rendue compte que beaucoup d'adultes ne savent pas du tout l'ampleur de la chose, sa violence, comment ça se passe exactement, et les repercussions sur les victimes. C'est quelque chose de vraiment grave qu'il faut dénoncer.

 

 

CPS : Alors que tu as 21 ans, que tu savais dans cette expérience ce que tu allais trouver (contrairement à un(e) ado qui va se faire surprendre par le prédateur), qu'est-ce qui t'a le plus choquée?

 

Marie : Le nombre d'appels, de messages ! Le fait qu'on appelle directement ces jeunes filles : on ne discute pas. Donc oui, le flots de messages : j'ai reçu une 50aine d'appels en même temps de personnes qui voulaient dialoguer directement par téléphone avec moi alors que je ne les connaissais pas du tout.

Et puis la facilité avec laquelle ils peuvent envoyer toutes ces photos et vidéos pornographiques : ça m'a vraiment choquée.

 

CPS : Comment t'es-tu sentie après cette expérience ?

 

Marie : Ça m'a retournée pendant un moment. Ça a fait remonter des choses de ma propre expérience bien sûr, mais j'ai aussi été remuée par le fait que j'ai eu beaucoup de retours de femmes qui avaient été victimes, et qui m'expliquaient qu'elles en subissaient des conséquences encore des années après, notamment dans leur sexualité.

Alors des jeunes filles qui vivent ça à 12, 13 ou 14 ans, qui sont bombardées de contenus sexuels agressifs alors qu'elles pensaient être entre ados, simplement, et qui restent seules avec leur vécu, je trouve ça affolant.

 

 

CPS : Qu'espères-tu surtout de ta vidéo?

 

Marie : Que les parents sensibilisent les enfants. On ne pourra pas éradiquer ce genre d'individus d'internet, donc il faut absolument sensibiliser, informer sur ce qui se passe réellement. L'idée n'est pas de tomber dans la psychose en disant qu'il ne faut plus d'internet. Mais avertir, donner les outils avant. Beaucoup de parents au final sont mal ou peu informés, voire pas du tout. Donc dire aux enfants qu'il peut se passer ça ou ça, que ça peut aller jusqu'à ça et ça. Et que si c'est le cas il faut en parler tout de suite, qu'il y a des moyens d'agir, etc. Je suis en train de faire une vidéo là-dessus justement.

 

CPS : Suite aux interviews sur ta vidéo par les médias belges, tu as été contactée par des écoles pour faire des interventions ?

 

Marie : Oui, j'ai hâte ! Je souhaite sensibiliser dans les écoles et on m'a en effet demandé de venir parler aux ados de cette expérience pour les informer. Je prépare du coup une petite présentation là-dessus, et je souhaite faire un spot de sensibilisation à diffuser dans les écoles et sur internet.

 

Merci Marie;-)

©cestpsysimple/Anne Schwartzweber.avril2018

Vidéo complète de l'expérience de Marie

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