
« Mon enfant me tape » : comprendre aide à agir !
Il arrive parfois que de jeunes enfants se mettent à taper leur(s) parent(s), notamment au moment de la phase d'opposition, vers 2 ans : tapes, coups de pieds, ou encore un petit coup de quenottes... Malgré des tentatives diverses et variées pour y remédier, certains parents restent désarmés et le comportement inadapté s'installe dans la durée... Voici quelques pistes pour essayer d'y remédier.

Taper et agressivité...
Tout comme l'adulte, l'enfant n'a pas que des pulsions d'amour, de tendresse et de compassion ! Il a lui aussi son lot de tendances agressives qui vont se manifester au gré des évènements stressants ou contrariants qu'il vit. La plupart du temps, cette agressivité va s'exprimer dans une colère, une bouderie, ou une opposition marquée au parent. D'autres fois, l'enfant va avoir besoin de sortir son agressivité physiquement en tapant sur un coussin, ou via un jeu, en donnant des coups à un playmobil via un autre par exemple. Il trouve donc une façon détournée d'expulser son agressivité, autrement qu'en passant à l'acte sur son parent. Il ne franchit pas la limite.
Il arrive cependant que des enfants franchissent cette limite, avec entre autres raisons, l'envie de la tester, d'essayer de transgresser l'ordre des choses. Ce sont papa et mamans qui sont censés être les plus « forts » et d'une certaine façon avoir le dessus : je vais donc essayer de leur montrer que c'est moi le plus fort et que c'est moi qui ai le pouvoir sur eux... Au demeurant, cette tentative est normale : l'enfant cherche sa place et son pouvoir en vous cherchant !
Si, à la première tentative de l'enfant (si tentative il y a), les parents expliquent l'interdiction d'avoir ce type de comportement, pourquoi, et lui signifient de façon affirmée qu'ils ne le laisseront pas avoir ce type de gestes mais trouveront avec lui une autre façon d'exprimer sa colère ou son agressivité, l'enfant va sentir la limite et renoncer assez vite au fait d'essayer de la franchir.
Mais pour certains parents, le cadre et les interdictions ne sont pas si simples à poser, du fait de leurs propres histoires, de leur situation maritales (parent en solo, etc)... Alors la tentation est grande d'essayer d'appliquer des outils tout faits et d'en attendre des miracles. Mais tout comme prendre un Doliprane est utile pour un mal de tête mais ne fera rien si le problème est plus profond, utiliser un outil sans avoir un minimum de diagnostic de la situation peut tout bonnement ne strictement rien changer au problème ! Voire pire, le renforcer.
Du côté de l'enfant : les questions à se poser !

Il y a déjà plusieurs choses que vous pouvez essayer de repérer pour mieux comprendre ce qui se passe sous votre toit. Quand a-t-il(elle) commencer la première fois à avoir ce comportement ? Y a-t-il eu un événement particulier ce jour-là, ou dans cette période ? (Réfléchissez bien car cela peut être un événement qui pourrait vous sembler de prime abord sans aucun rapport ! Exemple : un mois après le divorce, le décès du petit chat, l'arrivée de la petite sœur, quelques temps après qu'il vous ai vu vous disputer avec votre conjoint(e) ? (Car ce paramètre est essentiel ! Si l'enfant vous voit taper, étant dans l'imitation de l'adulte, il risque fort de taper lui aussi !).
Ensuite, repérez les situations lors desquelles cela arrive. Toujours au même moment de la journée : par exemple, à la sortie de l'école (que se passe-t-il à l'école?), au moment du coucher (de quoi a-t-il peur?) etc, ou dans un type de situations : quand vous lui refusez quelque chose, quand vous devez vous séparer de lui, etc.
Prendre le temps de repérer cela vous donnera des indications sur l'origine du comportement de votre enfant et les outils utilisés seront plus efficaces, puisqu'adaptés. Exemple:
Frustration: je t'en veux de me dire non =) outils pour travailler le « non ».
Angoisse de séparation: je t'en veux de me laisser =) outils pour rassurer l'enfant.
Rivalité fraternelle: je t'en veux de m'avoir coller un bébé dans les pattes =) outils pour gérer la rivalité fraternelle, etc.
Du côté des parents : s'interroger pour avancer...
Ce type de comportement chez l'enfant renvoie forcément le parent à son rapport personnel à l'autorité et à sa position d'adulte devant l'assumer. Aussi, deux petites étapes vous seront sans doutes bénéfiques pour débloquer la situation.
Tout d'abord : comment vous sentez-vous lorsque votre enfant vous tape ? Quelles émotions cela génère-t-il chez vous ? Colère ? Tristesse ? Sentiment d'impuissance, de nullité ? Angoisse ?
En regardant du côté de ce que cela suscite en vous, vous pourrez comprendre quelle part de vous cela vient heurter et laisser désoeuvrée...
Prenons un exemple : votre mère vous a toujours fait comprendre que vous serez nul(le) comme parent ! (merci maman!). Quand votre enfant vous tape, vous ressentez ce sentiment de nullité que votre mère vous a insufflé. Et le sentiment d'impuissance se réveille. En prenant conscience de ce qui se passe en vous, vous trouverez plus facilement la racine ancienne qui vous empêche de réagir et de vous affirmer. (ici : j'ai le droit de désobéir aux propos débiles et faux de ma mère!)
Ensuite, il y a ce grand rapport à la notion d'autorité ! En fonction de celle que vous avez reçue, vous allez avoir plus ou moins de facilité à vous faire respecter en tant que parents. Posez-vous la question suivante : si je prenais mon rôle de garant de l'autorité à bras le corps, si je mettais un stop à mon enfant sur ce comportement inadapté, de façon assurée, pleine et entière, de quoi aurais-je peur dans le fond? De devenir comme mon père ultra autoritaire ? D'être une mère ignoble auprès de mon fils et qu'il ne m'aime plus ? Que s'il n'y a plus de conflits, aussi épuisants soient-ils, mon enfant ne fera peut-être plus rien avec moi ?

L'enfant qui tape, tape souvent dans le mille...!
Nous le voyons régulièrement en consultations : l'enfant, sans le savoir, vient souvent titiller son parent sur une attitude, un comportement, une problématique avec laquelle il a du mal à se dépatouiller du fait, la plupart du temps, de son propre vécu d'enfant.
Aussi, un des premiers outils à utiliser pour permettre à une situation compliquée à vivre, comme celle-ci, de se dénouer, est l'écoute de ce que cela vient titiller chez vous. De ce que cela vient vous rappeler comme expériences de votre propre vécu.
Parfois, lorsque la situation a pris trop d'ampleur, il sera nécessaire de faire appel à un psychologue pour arriver à mettre à jour le nœud du problème. Mais déjà, prendre un peu de recul pour mieux appréhender la situation dans son ensemble, en dé-focalisant de l'acte même de votre enfant et en essayant de comprendre pourquoi vous avez du mal à stopper et canaliser autrement son geste pourra vous permettre d'en apprendre beaucoup sur vous-même et de reprendre confiance en votre capacité à être un parent capable d'assumer sereinement et fièrement son rôle.
Lien vers: "Mon enfant ment: qu'est-ce que ça cache"
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