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Mon enfant ment : qu'est-ce que ça cache ?

« Si, si, c'est mon playmobil qui a été prendre le téléphone de papa ! »...

Et la marmotte, elle, elle met le chocolat dans le papier alu, c'est bien connu !

Qui n'a jamais menti ? Et qui plus est petit ?

Si le mensonge fait partie du développement normal de l'enfant, il est des situations où il peut cependant venir témoigner d'une problématique sous-jacente.

Aussi, pour s'y retrouver entre pieux mensonges et gros bobards, voici quelques repères !

Le mensonge : une étape normale du développement de l'enfant

De prime abord, le mensonge a des allures de vilain mot. Pourtant, il a une fonction importante pour le petit enfant.

En effet, c'est vers l'âge de 3 ans environ que Bambino va commencer à jouer avec ce nouveau joujou aux différentes utilisations, sans cependant bien tout en comprendre. 3 ans, âge où il devient autonome sur le plan moteur, où son langage se place et se diversifie, et âge également où il découvre sa capacité à affirmer son avis et sa personnalité en cherchant à se différencier!

À cette période, le mensonge est pour l'enfant proche de l'imagination : une réalité transformée, enjolivée, réinventée. Il y a ce qu'on invente, le « pour de faux du jeu », et ce qui est réel et que l'enfant apprend et intègre peu à peu.

Aussi, mensonge rime plus ici avec la création d'une autre réalité, ce qui a plusieurs fonctions :

  • s'amuser, tester la réaction de ses parents (et donc se différencier), et éventuellement cacher ce qu'il comprend être une bêtise en voyant la tête agacée de papa ou maman !

  • mieux sentir la limite entre son monde intérieur, personnel, et l'extérieur. Je peux garder, cacher des choses qui restent en moi et auxquelles les autres n'ont pas accès puisque je leur dit autre chose.

  • continuer de croire encore un peu en la toute puissance de la prime enfance : si je veux, mon papa est astronaute, et pis voilà !

 

C'est vers 6/7 ans (âge de raison dit-on!) que le mensonge est davantage perçu par l'enfant dans son sens « adulte »: la dissimulation volontaire d'une erreur, d'une bêtise, ou encore d'une chose dont on n'est pas fier. Bref : cacher une réalité qui dérange.

Ceci est notamment dû au fait de la socialisation de l'enfant, de la vie en groupe et des règles de vie qui en découlent. L'enfant repère ce qui est accepté et ce qui ne l'est pas. Autorisé ou non. Aussi, de temps en temps l'enfant va mentir pour éviter d'être confronté à ce qu'il n'aurait pas dû faire !

C'est alors que lorsque les adultes accompagnent bien l'enfant, ce dernier va certes apprendre que parfois on fait des erreurs, des bêtises et autres, mais que le reconnaître est signe de maturité et de courage. Et il va du coup découvrir que l'on peut réparer son acte, l'assumer, et par conséquent, réparer l'image un peu piteuse que l'on a de soi quand on sait avoir fait une bourde... !

Quand le mensonge s'installe...

Comme beaucoup de comportements en Psychologie, ce sont les notions de fréquence et d'amplitude qui vont venir alerter sur la présence d'un problème. Ici donc, c'est :

  • lorsque l'enfant se met à mentir très fréquemment, voire tous les jours, pour tout et pour rien,

  • et/ou que les mensonges deviennent de plus en plus « énormes » et sont soutenus dans le face à face avec l'autre, malgré la confrontation avec la réalité,

que l'on peut parler de problème.

 

Avoir recours au mensonge de cette manière est le signe d'une tentative de fuir la réalité. Et la plupart du temps c'est que l'enfant perçoit et/ou vit dans cette réalité quelque chose qui le fait souffrir. Mentir, c'est une façon de dire « Je ne veux pas de cette réalité ». Mentir devient alors une façon de se créer un autre monde, une autre vie.

 

Mais l'enfant peut vite se retrouver piégé dans ses mensonges. Passé le « bénéfice » de modifier une réalité qu'il n'aime pas ou ne veut pas, à force de mentir, son image de lui-même va sacrément s'abîmer. Il est alors coincé entre :

  • je continue de mentir car ça me permet de fuir quelque chose, mais je souffre de cette image de menteur et je m'en veux,

  • j'arrête de mentir et je renoue avec une bonne image de moi, mais j'ai trop peur de reconnaître ce que j'ai fait, de faire le pas. Lâcher mon comportement aussi nul soit-il me laisse la sensation d'être sans défense et donc très vulnérable face à ma souffrance.

 

Le mensonge n'est donc que la partie émergée de l'iceberg. L'origine est à chercher plus profondément.

 

Il peut s'agir par exemple:

  • d'une image de soi très négative à la base. Alors face aux copains par exemple, je commence à inventer des pipeaux sur ma vie. Je vois qu'on me regarde impressionné, alors... Je continue à créer ce faux personnage plus intéressant que moi...

  • d'une peur face à des réactions parentales punitives trop fortes. Je vais mentir sur tout ce qui pourrait provoquer la colère de mes parents, une gifle, une privation, etc...

  • de la perception par l'enfant d'un mensonge/secret qu'on lui cache (et oui, les enfants imitent beaucoup les adultes, ne l'oublions pas!). Il va se mettre à mentir comme on lui ment, souvent dans une tentative d’interpeller ses parents pour faire éclater la vérité. Ou tout bonnement par réaction : on me ment, ben je vais mentir aussi.

Que faire ?

Il va s'agir en premier lieu de ne pas se fixer sur le comportement en lui-même, mais au contraire d'en explorer le déclencheur.

Quand l'enfant s'est-il mis à mentir ?

  • Exemple : quelque temps après l'arrivée de la petite sœur. Il s'agit alors peut-être du sentiment d'avoir perdu de l'intérêt aux yeux de ses parents, et essayer ainsi d'attirer leur attention.

Sur quel thématique ment-il ?

  • Exemple : sur son père. Si l'enfant est séparé de ce dernier, le mensonge est une façon de colmater comme il peut la souffrance de cette absence, et de rendre son père présent à travers le personnage idéalisé qu'il en fait.

    Quand il a fait une bêtise. L'enfant peut mentir pour éviter la punition donc, mais aussi pour éviter de ressentir la souffrance causée par le fait de se vivre décevant aux yeux de ses parents.

Quel attitude a-t-il quand il ment ?

Il y a l'enfant qui regarde ailleurs tout en racontant son mensonge, comme absorbé par une rêverie. Il y a l'enfant qui baisse les yeux, devient très nerveux. Il y a aussi celui qui regarde bien dans les yeux, et a un air de provocation. Chacune de ces attitudes vient elle aussi donner des pistes sur le rôle du mensonge dans la vie de l'enfant. Sur le message qu'il cherche à faire passer.

 

Aussi, lorsque les mensonges sont là, mais pas bien méchants, voici quelques astuces :

  • faire comprendre qu'on sait, et amener l'enfant à faire la différence entre la réalité et ce que l'on aimerait qu'elle soit parfois.

  • valoriser l'enfant dans ce qu'il est, sa personne. « Pas besoin de raconter des histoires pour qu'on te trouve chouette : tu es formidables à nos yeux tel que tu es. Même quand tu rates, que tu fais une bêtise ou autre ! », lui transmettre les valeurs : c'est courageux de reconnaître, d'être juste, de s'excuser quand on a fait une boulette, etc... Et le valoriser quand il les met en acte!

  • utiliser le jeu et l'humour : quand l'enfant vous raconte un mensonge, faire comprendre à l'enfant que vous n'êtes pas dupe, mais par le jeu : « T'as vu un vrai éléphant dans la rue aujourd'hui ? Ça alors ! Figures-toi que moi j'ai vu un gros chat avec des ailes voler dans le ciel ! ». De lui-même, souvent, il va répondre "Non! Tu mens!!! c'est pas vrai!!!"

  • donner des options de réparation en ouvrant une porte sur la fierté personnelle: « Il y a 10 euros qui ont disparu. Tu dis que c'est pas toi. On va faire quelque chose, on va mettre une boîte sur la table, et peut-être demain le billet sera dans la boîte. Ce serait chouette car on serait tous contents, et celui qui avait pris le billet, il se sentira super fier de lui parce qu'il aura été très courageux de réparer ce qu'il a fait... »

  • prendre un temps pour expliquer à l'enfant les risques du mensonge : « Tu sais, quand on raconte des mensonges, les gens finissent par ne plus arriver à te faire confiance, et si un jour tu veux dire quelque chose d'important, ils ne sauront plus si c'est vrai ou pas. Et toi ça risque de te faire de la peine. Et puis tu sais, les mensonges c'est comme un personnage que tu fais, mais ce personnage il te cache ! Et c'est dommage, parce que c'est toi qui est intéressant, c'est toi qui a des trésors à l'intérieur de toi, pas lui. »

  • Et bien sûr, ouvrir des temps de dialogue, où l'adulte se met en phase, en expliquant par exemple que lui aussi a menti quand il était petit, pourquoi, et comment il se sentait mal. Et comment il s'est sorti de ça, comment, même si c'est pas toujours facile, il est plus fier de lui et se trouve plus fort quand il reconnaît ses erreurs...

 

 

En revanche, lorsque les mensonges deviennent très envahissants, qu'ils amènent l'enfant dans des situations dommageables pour lui, voire que l'enfant en arrive à sembler perdre le contact avec la réalité, il est nécessaire d'aller consulter pour l'aider à sortir de la spirale infernale dans laquelle il se retrouve totalement coincé.

Lien vers:  Mon enfant me tape: comprendre aide à agir!

Lien vers: "Fais ce que je dis pas ce que je fais", ou les risques de l'incohérence éducative!

©cestpsysimple.avril2018

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