
La perfection : un concept perfect-con !
À l'heure actuelle, nombre d'adultes visent, consciemment ou inconsciemment, l'objectif d'atteindre la perfection dans les différents de domaines de leur vie. Poussés aux fesses par une partie de la société qui depuis quelques temps déjà véhicule l'idée que c'est possible, voire même impératif (sinon, ben t'es un loser quoi!), toutes ces personnes se mettent une pression de dingue et se retrouvent dans des états de stress chronique... Épuisant. Or, chose étonnante, au lieu de se sentir parfaits, ils se sentent tout bonnement minables!
Petit rappel. Définition du mot « Parfait » : 1/ sans aucun défaut, excellent. 2/ qui est un modèle du genre, accompli, total.
Et c'est là que les ennuis commencent ! « Un modèle du genre »... Le genre qui nous concerne ici, c'est le genre Parentus. Et dans cette catégorie, nous avons le Parentus Perfectus et le Parentus Approximatus... Explorons chacun d'eux.
Le Parentus Perfectus

Issu bien souvent de la grande famille des Kislapetouille, le Parentus Perfectus se vit volontiers comme un modèle : il sait tout, gère tout bien, comprend tout, est toujours bienveillant, ne s'énerve jamais, bref, il est parfaitement accompli. Il lui arrive malgré tout quelquefois d'être perplexifié :
« Mais comment se fait-ce que certains de mes congénères Parentus ne s'en sortent pas avec leurs progéniture ? C'est pourtant facile ! »
Le hic de ce modèle présenté avec l'étiquette « tout compris », c'est que le Parentus Perfectus n'a malheureusement pas compris une chose : le zéro défaut n'étant pas de ce monde, reléguer au fin fond de son inconscient les siens pour coller à tout prix à l'idéal qu'il a choisi est une catastrophe monumentale pour ses enfants. En effet, comment l'enfant va-t-il pouvoir se rendre compte qu'il est un être humain en se coltinant chaque jour un concept ? Comment pourra-t-il se sentir « normal » lorsqu'il sera en colère, ou en paresse par exemple, s'il a devant lui un modèle parental qui fait fi de ces élans humains naturels ? Pire encore : comment pourra-t-il trouver un moteur pour grandir, puisque la soi disante perfection étant étalée quotidiennement sous ses yeux, déjà atteinte, à quoi bon avancer dans la vie ?
Il n'y a rien de pire en matière de parentalité que de vouloir (ou croire) être des parents parfaits. Car vous ne le serez jamais ! « Sans défaut » nous rappelle la définition. Sauf qu'on en a tous, et c'est tant mieux !
Le Parentus Approximatus

Étrangement, nombre de Parentus Approximatus ont une tendance naturelle à culpabiliser de ne pas être un Parentus Perfectus ! Alors qu'ils sont pourtant sur la bonne voie, ils se comparent trop souvent à cette image idéalisée qu'on leur agite sous le nez, et s'en retrouvent tout décontenancés, parfois même un brin déprimés. Car le Parentus Approximatus n'est pas une image d'Épinal, mais un parent bien en face des réalités : il est parfois en solo. Il a parfois des problèmes de boulot. Il ne vit pas dans un feuilleton imaginaire lui. Alors oui, il lui arrive de s'énerver. Oui, il peut lui arriver de rater sa quiche, ou de renverser la purée de bébé. Oui, il peut s'impatienter et parfois crier. Oui. C'est un parent imparfait. Et c'est merveilleux, car c'est un vrai parent humain. Il EST parent. Il ne FAIT pas le parent. Il l'incarne, dans toutes ses nuances, ses failles et ses contradictions. Mais surtout, il offre à ses enfants la possibilité merveilleuse d'ETRE eux aussi, et non de FAIRE les gentils petits enfants, ces petits modèles parfaits, ô combien gratifiants pour le Parentus Perfectus...
Comme le dit un proverbe hassidim : « La perfection de l'être réside dans sa perfectibilité »...
Et oui ! Ce qui est parfait chez l'Homme, et plus spécifiquement ici chez les parents, c'est leur capacité à se perfectionner ! À apprendre, découvrir, et grandir en même temps que leurs enfants.
Alors, la culpabilité... Ça ne vaut peut-être pas le coup ! En revanche, l'envie de continuer de grandir et de se perfectionner, sûrement !
Lien vers: Ce que l'on a pas eu peut nous apprendre beaucoup...
©cestpsysimple.janv2018
Une illustration pertinente de MADAME Foresti ;-)