
Quand la phobie scolaire surgit
C'est l'heure d'aller à l'école. Marine hurle, pleure et se débat. Elle en a mal au ventre, et les hurlements redoublent si papa ou maman la prend par la main pour l'attirer vers la porte de la maison. On pourrait croire qu'on l'emmène en enfer... Et ses parents sont dépités.
On estime à l'heure actuelle que la phobie scolaire touche 2 à 5% des enfants d’âge scolaire, et 1 à 2% de la population d’âge scolaire au collège*
Explications pour mieux comprendre ce trouble et savoir comment réagir.

Différence entre stress et phobie scolaires
Les élèves sont plus ou moins stressés par rapport à l'école, son environnement et ce qu'elle attend d'eux : concentration, apprentissages, interrogations, examens, bref : performance et résultats !
Certains vont vivre ce stress par petits pics (avant une interro par exemple), d'autres, de façon plus chronique (petite boule au ventre le matin, etc).
Il y a souvent pour origine à ce stress une peur de rater, de ne pas réussir à tout retenir, ou encore à gérer son emploi du temps... Bien qu'embêtant pour le bien être de l'enfant, et parfois même handicapant (cas du bon élève qui connaissait sa leçon impeccablement mais qui perd tout ses moyens si on l'interroge au tableau), ce stress reste gérable par l'enfant ou l'adolescent, ou, lorsqu'il devient plus important, les techniques de gestion du stress et de relaxation comme la sophrologie donnent de bons résultats. (D'où l'utilité de mettre en place ce type de soutien lorsque le stress devient trop présent, afin d'éviter qu'il ne s'enkyste, voire se transforme à la longue...en phobie scolaire.
La phobie scolaire, elle, ne relève plus du tout du stress: « Il s’agit d’enfants, qui pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ». (Julian de Ajurriaguerra, pédopsychiatre). L'angoisse y est majeure.
Il peut ainsi y avoir des hurlements, des pleurs, des plaintes somatiques, des figements avec tétanie etc.
La crise se déclenche au moment d'aller à l'école : si on accepte qu'il n'y aille pas, l'enfant se calme assez vite, va même travailler ses cours dans sa chambre, et promet qu'il ira demain. Mais le lendemain, c'est rebelote : panique totale, blocage radical. Les parents en restent perplexes et souvent totalement démunis. Rien n'y fait : tentative se consolation, de réassurance : aucune prise possible pour convaincre l'enfant qu'il n'y a aucun danger à aller à l'école.
Les 3 moments «sensibles» au déclenchement d'une phobie scolaire
Les auteurs et professionnels notent 3 étapes de la vie scolaire de l'enfant où l'on retrouve le plus d'apparition de phobies scolaires :
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l'entrée en CP
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l'entrée au collège
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l'entrée au lycée
Logique ! Le changement de lieu, la séparation d'avec les repères antérieurs mais aussi la pression scolaire grandissante avec la charge de travail qui va avec viennent fragiliser certains élèves.
Petite précision : l'entrée en maternelle n'est pas véritablement retenue comme période de phobie scolaire. En effet, à 3 enfant, l'enfant de part son développement naturel même, est souvent dans une anxiété de séparation. Donc rien de phobique si le jeune enfant hurle les premiers jours de sa rentrée en maternelle. En revanche, si cela perdure ou se répète de façon cyclique ou chronique, il faut agir ! Mais dans ce cas, on parlera davantage d'angoisse de séparation que de phobie scolaire...
Pour les enfants en primaire, les phobies scolaire arrivent souvent de façon brutale, et s'expriment de même : cris, hurlements, crise de larmes, et aussi beaucoup de plaintes somatiques : vomissements, nausée, migraine, etc.
Pour les ados, l'installation de la phobie scolaire se fait de façon plus lente, insidieuse : il commence à refuser un cours, puis une journée, s'isole de ses copains, puis de son environnement même extra scolaire, jusqu'à arriver à un refus total avec peur panique d'aller à l'école.

La partie visible d'un problème caché...
Ce n'est le plus souvent pas l'école en elle-même qui tétanise l'enfant ou l'adolescent, mais un autre élément, masqué par cette manifestation bruyante de symptômes souvent impressionnants.
On retrouve principalement 2 choses :
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il peut s'agir d'un problème tout à fait concret ayant eu lieu à l'école, ou ayant un lien direct avec cette dernière : réprimande par un prof qui a pris l'enfant en grippe. Harcèlement scolaire dans l'établissement même, ou bien sur les réseaux sociaux. Racket, ou agression physique, intimidation, humiliation. Il ne faut pas sous-estimer ces causes possibles, et s'atteler si c'est bien le cas à les résoudre le plus vite possible pour éviter que la phobie ne perdure, et surtout permettre à l'enfant de dissocier l'école en elle-même de l'acte douloureux vécu au sein de celle-ci.
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L'autre origine concerne l'angoisse de séparation. En effet, beaucoup des enfants phobiques scolaires ont dans le fond une peur panique de quitter papa/maman, de quitter le foyer, même pour la journée. Aussi, pour lutter contre cette angoisse-ci, il va développer une angoisse sur autre chose (ici l'école) qui, même si elle l'handicape sérieusement, lui permet... ne ne pas quitter ses parents. Dans ce cas, il est donc essentielle de comprendre d'où vient à l'origine cette angoisse de séparation, parfois installée depuis fort longtemps, ou plus récente.
En effet, il est important d'observer les événements qui ont précédé le déclenchement de la phobie scolaire (ou en sont concomitants): parfois, un déménagement, la perte d'un animal, un divorce, etc, sont venus provoquer ou réveiller une angoisse de séparation, et c'est celle-ci qui vient fragiliser l'enfant et le mettre en souffrance, par peur de perdre quelqu'un ou quelque chose à nouveau s'il n'est pas totalement présent à la maison, en permanence...
Enfin, les auteurs notent qu'on retrouve souvent chez ces enfants un environnement familial où l'insécurité face aux séparations existe également chez les parents, notamment chez la maman. Souvent très protectrice, parfois angoissée ou phobique elle-même, elle peut, totalement sans s'en rendre compte, faire inconsciemment sentir à l'enfant que « se quitter, c'est dangereux »...
Ces mêmes auteurs soulignent également que les papas quant à eux ont parfois tendance à désinvestir la scolarité de l'enfant, à s'en tenir à distance voire pour certains à dénigrer l'école.

Que faire ?
Lorsque la phobie scolaire est bel et bien là, il faut absolument consulter. Seuls, on ne peut rien pour ce genre de problème. Forcer l'enfant ne fera que renforcer son trouble : il se retrouvera à l'infirmerie, ou plus âgé, sèchera tout simplement l'école.
Il faut donc consulter, et le faire vite ! Plus on attend, plus le problème s'enracine.
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consulter un psychologue ou pédopsychiatre pour l'enfant, pour qu'il puisse comprendre ce qui lui arrive, démêler les angoisses qui ont été enchevêtrées et reprendre confiance.
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consulter un thérapeute familiale : en effet, la phobie scolaire d'un enfant vient perturber l'ensemble de la famille et son fonctionnement. La prise en charge familiale permet d’accélérer le processus de résolution du problème. De plus, les parents ont besoin de soutien face à l'impuissance et l'incompréhension qu'ils ont du comportement de leur enfant. Cela permet enfin d'apaiser/travailler les éventuelles angoisses de séparation des parents...
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les professionnels vont alors souvent mettre en place un travail de réseau avec l'école, la psychologue scolaire ou l'infirmière, pour aménager au mieux le retour à la scolarisation de l'enfant.
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Il existe un site internet consacré à ce sujet sur lequel vous trouverez de nombreuses aides et ressources:
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Aussi, si vous êtes confrontés à cette situation, ne rester surtout pas seuls : certains parents désœuvrés finissent par accepter que l'enfant n'aille plus à l'école et ce faisant, amplifie la phobie de l'enfant en pensant pourtant la soulager. Ce qui est soulagé alors, ce sont les symptômes, mais en aucun cas le problème de fond.
Par ailleurs, l'instruction est obligatoire, c'est la Loi... Le but à viser est donc de tout mettre en œuvre pour que l'enfant puisse à nouveau la fréquenter, et surtout, retrouver une scolarité épanouie.
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* Baranger, Elisabeth. 2012. « [School phobia, definition and symptoms] ». Soins. Pédiatrie, Puériculture, no 267 (août): 14 17.
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Lien vers: "Quand les écrans mettent les parents à cran!"
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