Les sens cachés du mot "résilience" !
Il arrive parfois dans nos parcours de vie que nous soyons confrontés à des évènements douloureux, voire à de vrais chocs traumatiques, qui peuvent nous murer dans une souffrance chronique, une douleur lancinante, et nous stopper dans notre élan de vie. Une porte de sortie peut parfois apparaître : la « résilience »...
Ce mot, bien connu de l'univers de la Psychologie et désormais du grand public, évoque quelque chose de positif, une capacité à dépasser les épreuves et à les transformer en quelque chose de porteur en somme.
Pour accéder à cette « résilience », le mot lui-même, en le décortiquant et en jouant avec, nous donne des pistes qui au premier abord peuvent sembler.... bien étranges!
Petit exercice de stylistique psychologique!
Ety-maux-logis !
Et oui : chose étonnante, lorsque l'on se penche sur l'étymologie du mot « résilience », on découvre qu'il vient du latin resilire qui nous plonge en pleine ambivalence ! En effet, resilire signifie tout autant "sauter en arrière" que "rebondir" ! Il a également le sens de "se rétrécir", "se replier sur soi-même", "renoncer", mais aussi celui de "rejaillir" ! Étrange méli-mélo... Pire encore : « résilier » pour sa part vient du latin rodere qui signifie "ronger".
Alors on renonce ? On se ronge ? On rebondit ?... C'est à en perdre son latin !
Clarifions : lorsque nous souffrons, nous pouvons être amenés à "renoncer" : à nous-mêmes, aux autres, à nos désirs. On "se replie" alors sur soi afin d'éviter de nouveaux coups, de nouvelles blessures. Mais ensuite, chaque fois que l'on veut faire un pas en avant, il y a comme un élastique invisible qui nous relie aux traumas du passé, nous tire et nous fait "sauter en arrière" ! On se retrouve alors coincé dans notre souffrance : elle nous "ronge", et l'on s'en ronge les sangs...
Paradoxalement, on peut parfois avoir peur de couper cet élastique qui nous maintient dans un espace de vie étriqué pour retrouver le champs de nos possibles. Peur d'abandonner nos liens de souffrance, éreintants mais connus, pour des instants meilleurs mais qui nous mettent face à l'inconnu. La « résilience » n'est donc pas chose aisée. Mais, dans le mot « résilience » se cache le mot "lisière" (résilience). Cette "lisière" pourrait bien être celle qui sépare notre état d'avant le choc, de celui d'après. "Rétrécis" au fond de nous-mêmes, il va nous falloir trouver l'élan qui nous permettra de nous re-déployer à nouveau, et de "rejaillir".
Comment avancer ?
Pour pouvoir entrer en processus de « résilience », il va visiblement s'agir de "résilier" quelque chose. Mais surtout pas soi-même ! Si l'on écoute les sonorités du mot, on y entend "résilie-anse". Ce qui est à résilier, à révoquer, abandonner, c'est l' "anse" du sac de douleur qu'on nous a fait porter. L' "anse" de ces paniers de souffrances qu'on a dû traîner par obligation, fidélité, ou encore fatalité. L' "anse" aussi de ces sacs de larmes que l'on cache soigneusement... Puis, lorsque le tumulte s'est apaisé, que le combat n'a plus lieu d'être, l' "anse" à laquelle on s'accroche est parfois le fantasme de cette main aimante et secourante que l'on aurait aimé trouver, mais qui n'a pas été là...
Être en « résilience » serait donc oser franchir la "lisière" qui délimite le « ce que j'aurais aimé recevoir et qui n'a pas eu lieu », le « ce que j'aurais voulu ne jamais connaître mais qui m'est pourtant arrivé » du « ce que j'aimerais aujourd'hui recevoir, connaître, mais d'Autres et autrement ». C'est lorsqu'on lâche peu à peu cette "anse" qui nous empêche de prendre notre vie à deux mains, qui nous "rétrécit", que l'on va pouvoir "rebondir" et que l'élan de vie aura toute la place nécessaire pour "rejaillir"... La « résilience » serait au final l'action profonde de "résilier" les attaches qui entravent nos pas en avant. De mettre fin à nos contrats toxiques.
Alors, pour plus d'aisance, lâchons les anses de nos paniers lourds des épreuves passées...!
Lien vers: Mythes et réalités sur la peur d'aller voir un Psy
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