
Divorce : ce qui fait vraiment mal aux enfants...
Il y a les : « Vous divorcez ? Ah ! C'est horrible ! Vos enfants vont être traumatisés ! ». Il y a aussi les « Arf, ce ne seront pas les premiers à avoir des parents divorcés hein ! Ils feront avec ! »...
En matière de divorce, chacun y va de son avis, souvent calqué sur sa propre expérience d'ailleurs (ce qui, il faut bien le dire, nous arrange toujours un chouille!)
On s'interroge alors sur la question : le divorce est-il une souffrance pour l'enfant ou pas ? Or, la question à se poser n'est pas tant celle-ci que celle qui suit :
Quels sont les éléments d'un divorce qui peuvent faire souffrir un enfant ?
Pour avoir les réponses, rien de mieux que d'écouter les enfants eux-mêmes...

Il est un fait indéniable en matière de Psychologie de l'enfant et de l'adolescent sur la question des divorces : dans nos cabinets, il y a deux grands groupes en gros ! D'un côté, les enfants aux parents divorcés qui ne présentent pas de problèmes particuliers quant à la séparation de leurs parents, hormis quelques difficultés d'adaptation et d'acceptation au moment même du divorce ou dans les tous premiers temps. Une fois les bobos exprimés, ça va mieux, et chacun trouve sa place dans la nouvelle donne familiale.
Et puis il y a le deuxième groupe : celui des enfants en réelle souffrance à cause non pas du divorce en lui-même, mais de la façon dont leurs parents le vivent, et par ricochet ultra direct, leur fait vivre !
Voici donc les 4 souffrances principales que l'on peut noter chez les enfants lors des divorces qui débloquent, boitouillent, s'enveniment, voire dégénèrent totalement...
1. Le Médiateur.
Il est bon nombre de divorces où les parents, alors couple conjugal en plein déchirement, se maintiennent dans la colère l'un envers l'autre, la rancune et le ressentiment, et pour lesquels chaque nécessité d'échanger avec l'ex sur la gestion des enfants devient l'occasion d'un lieu de bataille digne de Waterloo ! Ça dérape en 3 secondes, ça gueule, ça veut pas se mettre d'accord, bref : le résultat la plupart du temps est que l' ex couple va tout bonnement couper net la communication.
Pourtant, il y a les informations qui doivent obligatoirement circuler, se transmettre, quant à la gestion des enfants... Alors l'option de facilité, vous l'aurez peut-être devinée, va être... L'enfant !
Celui-ci va tout bonnement être missionné, directement ou indirectement : « Tu transmettras les messages, documents, questions, etc à ta mère (ton père) ». Il se retrouve ainsi tour à tour dans le rôle de facteur, médiateur, enquêteur etc, ce qui va immanquablement lui causer des souffrances, recevant lui toute la colère que ses parents se déversent par enfant interposé l'un sur l'autre.
Il assiste alors démuni à cette non communication conjugale, mais qui se trouve du coup être également une non communication parentale ! Or c'est lui qui trinque de ce refus de communication : ses parents eux, ça les arrange, puisque ça leur évite de régler une bonne fois leur conflit.
Dans ce cas, OUI et RE-OUI: le divorce est une souffrance pour un enfant...

2. L'abandonné(e).
Il est aussi des situations de divorces où l'un des parents va comme démissioner de son rôle. On retrouve ce cas plus fréquemment dans les gardes 1we/2 chez papa (parfois l'inverse, chez maman).
Le parent, (plus souvent donc le père ici) va se retirer de son rôle parental, soit par rejet de ce qui le relie à son ex (sa progéniture donc!), soit par une sorte de réveil soudain d'un simili de crise d'adolescence : il va se positionner en pote de ses mômes, mais le pote qui veut aller faire la fête et n'avoir rien à assumer de contraignant!
Je pense ici par exemple à ce frère et cette sœur qui, contents tous les 15 jours à l'idée d'aller enfin en weekend chez papounet qui leur manquait, revenaient profondément dépités et tristes, parce que papounet les avait mis chez mémé, et pis lui, ben il s'était barré ! Et pourtant, chaque 15 jours, ils espéraient que cette fois-ci... Peut-être.... Mais non.
Ici, le parent associe son ex à ses enfants, et rejette le tout. Evidemment, les enfants se sentent abandonnés, et culpabilisent bien souvent, imaginant qu'ils ont fait quelque chose de mal.
Dans ces divorces-là aussi, OUI et RE-OUI : le divorce engendre une profonde souffrance chez l'enfant...

3. L'otage.
Il y a les divorces où papounet et mamounet communiquent quand même (certes, du bout de leurs lèvres pincées!), mais qui une fois seul(e) avec le(s) enfant(s), vont se débrider la bouche et se mettre à dénigrer allègrement l'autre. Ils vont faire de leur ex un portrait parental qui pourrait faire passer le père du Petit Poucet pour un exemple de parentalité bienveillante et positive!
« De toutes façon ton père, on peut jamais compter dessus!», « Ta mère elle vous couve trop, elle va faire de vous des mauviettes!». Je passe évidemment sur les tacles les plus rudes, pourtant malheureusement bien fréquentes...
Pour l'enfant ainsi coincé entre le marteau et l'enclume, va tout simplement se mettre en place un douloureux conflit de loyauté. Soit il faut qu'il acquiesce à ce que dit maman pour ne pas perdre son amour, mais il se vit alors comme étant contre papa. Soit il s'oppose à maman pour protéger papa, mais culpabilise alors par rapport à maman se vivant comme son adversaire du coup. Bref, l'enfant se retrouve dans une situation ingérable et qui ne devrait jamais exister: celle où les parents lui demandent, mine de rien, de choisir son camp.
Le must de la souffrance pour l'enfant dans ce cas, c'est quand le parent manipule tellement finement (inconsciemment parfois) qu'il précise à son petiot, après avoir démoli son père/mère: « Mais tu es libre de l'aimer toi ton père/ta mère»... Gloups !
Dans ces situations, OUI et RE-OUI : le divorce génère une souffrance énorme chez l'enfant.
4. Le doudou.
Enfin, la dernière situation concerne les enfants qui se retrouvent avec un de leurs parents (voire les deux!) en mode régressif-dépressif-grosgroschagrin, et qui au lieu de se prendre en main vont demander à l'enfant de faire office de doudou, de psy, de magicien de la consolation, bref, tout ce qu'un enfant n'a pas à être !
Dans ces cas-là, le parent s'enfonce dans son comportement inadapté. (Précisons bien : ce n'est pas parce qu'un enfant va surprendre son parent en train de pleurer après le divorce une fois ou deux qu'il va être traumatisé ! Non, on parle ici des cas où le parent va s'accrocher à son enfant comme à une bouée de sauvetage, au lieu d'aller consulter un psy et de demander un coup de main à des adultes, pas à des enfants).
Le message caché du parent pour l'enfant est alors le suivant : « Sauve-moi de ma souffrance »...
Encore une fois, ingérable, et aucun enfant n'a à vivre ça. (Et pourtant...)
Ici, on se retrouve souvent avec un enfant qui dort avec maman du coup (ou papa). Le parent va dire que c'est l'enfant qui demande, qui veut, parce que ça le perturbe ce divorce! En vérité, quasiment à chaque fois, c'est le parent qui va finir par reconnaître qu'il ne supporte pas de dormir seul...
On retrouve aussi ici l'enfant qui doit écouter maman/papa pleurer et raconter toute sa souffrance le soir après le dîner...
Ici aussi, dans ces situations : OUI, et RE-OUI: les divorces sont un calvaire pour les enfants.

Alors... Les divorces ?
Résumons simplement les choses :
- Un divorce ne traumatise pas un enfant si les adultes qui vivent et actent ce divorce se comportent en adultes et en parents. Ça va le titiller au début et c'est bien normal (dire qu'un divorce ne fait strictement rien à un enfant est une absurdité sans nom!), mais ici, bien accompagné, l'enfant va s'adapter à ses nouveaux repères.
- Un divorce est une source de souffrances souvent profondes, violentes et aux conséquences à long termes si les adultes qui le vivent et l'actent (l'un ou les deux) se comportent en enfants immatures et refusent de prendre en main, et à leur charge, les soucis qui leur incombent.
Enfin : un divorce est une épreuve pour le couple qui se sépare. Cela génère inévitablement dans la majorité des cas des blessures, des conflits et autres difficultés. Aussi, afin de préserver vos enfants, veillez à ce que les difficultés de votre couple conjugal ne viennent pas parasiter ou abîmer votre rôle parental, ni la liberté absolue et fondamentale de vos enfants d'aimer encore et toujours celui(celle) que vous vous n'aimez plus...
Vos enfants vous en seront plus que reconnaissants !
Lien vers: Un enfant, ça s'adapte toujours, non?!
Lien vers: Enfant sage... Vigilance!
©cestpsysimple.fev2018
