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Le jeu, c'est fonde-âm(e)-mental !

S'il y a bien une activité essentielle chez l'enfant c'est le jeu ! Pas les jeux de société ou les jeux collectifs (ces jeux à règles, très utiles aussi mais pas pour les mêmes raisons), mais le Jeu, le pur, celui où « On va faire comme si... ».

Ce Jeu-là est un outil formidable pour le bon développement moteur, intellectuel, social, psychologique mais aussi, et peut-être surtout, créatif de Bambino. Car lorsqu'il joue, l'enfant crée son monde, re-crée celui qui l'entoure, et grâce au savant mélange des deux, il se crée lui-même à son tour...

Petite exploration au cœur de cet univers richissime!

L'art du « Je-où-est ? » pour se créer !

Lorsqu'il joue, l'enfant pénètre dans un espace particulier appelé par les psys « aire transitionnelle ». Cet espace se situe entre le réel et l'imaginaire : entre les playmobils (concrets et réels) et l'histoire que je vais inventer avec (imaginaire).

Dans cet espace plein de possibles, tout est permis ! On peut être mort, puis de nouveau vivant ; un nounours peut devenir un élève ; ou même deux pommes de pins, des monstres qui piquent !

 

Dans ce fameux « pour de faux », ou « faire semblant » du jeu, l'enfant va mettre en scène tout ce qui l'anime (et parfois l'agite, le titille!) de l'intérieur : ses rêves et désirs, ses affects, ses peurs, ses conflits etc. Bref, toutes ces choses abstraites, impalpables...

Or, en pouvant leur donner une forme concrète via les jouets, mais aussi en pouvant agir sur le scénario, le transformer, le rejouer encore, Bambino va pouvoir plus facilement apprivoiser et réguler ce monde intérieur mais aussi ce qu'il expérimente dans le monde extérieur (l'un n'allant pas sans l'autre ma brave dame!). Jouer va l'aider à donner du sens à ce qu'il ressent, et exprimer ses émotions et désirs du moment, les personnages du jeu faisant office de relais en quelques sortes : coup de blues : nounours est triste, premiers émois : Barbie et Ken se font un bisou, ou encore conflit à la récré : monsieur Patate va dégommer le Playmobil Lucas qui n'a pas voulu lui prêter son ballon!

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Car le jeu a en effet cette vertu non moindre de permettre à l'enfant de décharger les tensions qu'il ressent, notamment la colère ou l'agressivité, sans passer à l'acte dans le réel !

Prenons un exemple concret : Pitchoune a la rage parce que mamounette lui a refusé un bonbon. Elle aurait bien envie de la taper pour se défouler de sa frustration intérieure, mais elle a capté que ce n'est pas permis ! Elle va dans sa chambre, puis se met à jouer. Une de ses poupées va devenir une méchante sorcière (la mère frustrante à qui elle en veut!) et Pitchoune va pouvoir imaginer un scénario dans lequel celle-ci va par exemple finir dévorée par des loups, ou écrabouillée sous un semi-remorque ! Via le jeu, elle a ainsi pu soulager sa colère résultant de la frustration ressentie, sans abîmer sa maman dans la réalité...

 

nb : notons ici un des problèmes dû aux écrans envahissants du moment: comme les enfants jouent moins en vrai, en live et en action, ils déchargent beaucoup moins leurs tensions... Et, logique, ça clashe plus souvent dans les maisons !

Les règles du jeu !

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'univers du jeu n'est pas un no man's land sans limites ni conditions pour exister. Le ptit père Winnicott, AS de la question, l'a bien précisé ! Voici ce qu'il en dit :

 

  • Règle numéro 1 : le jeu est salutaire.

    Eh oui, jouer c'est bon pour la santé ! Quand il joue, l'enfant se fait donc du bien. D'où l'importance de lui laisser du temps pour le faire, de ne pas intervenir de façon trop brutale lorsqu'il est en plein dans son imaginaire pour lui dire de passer à table, et de ne pas être trop intrusif. C'est son espace de liberté, sa cour de récré personnelle... à respecter ! Par définition donc, un jeu qui rend l'enfant mal ou qui l'enlise dans une attitude sclérosante qui devient obsessionnelle par exemple, n'est plus un jeu, mais davantage l'expression d'un blocage dans son grandir...

  • Règle numéro 2 : le jeu est libre et spontané.

    Il n'y a pas de jeu possible si celui-ci est contraint, imposé par un autre. Si lorsque des enfants se mettent à jouer, l'un d'eux prend les commandes en imposant uniquement ses désirs à lui, le jeu s'arrête. Le vrai jeu entre 2 ou plusieurs enfants se fait dans la co-participation. Sinon, il y a domination ! La où un des « je » est eclipsé, ou nié par exemple, le jeu disparaît...

  • Règle numéro 3 : le jeu a besoin d'un contenant.

    Pour pouvoir jouer, l'enfant doit pouvoir se sentir en sécurité. Une sécurité par rapport au milieu dans lequel il joue, (famille, maison, école etc) mais aussi une sécurité intérieure. Celle-ci va lui permettre de sentir les limites entre jeu et non jeu, et de pouvoir canaliser les émotions et excitations qu'il va ressentir. Ex : ouah, je suis Batman, ça m'excite, je me sens invincible ! Mais je vais canaliser et ne pas sauter par la fenêtre pour m'envoler ! Ce contenant lui permet donc de rentrer dans son imaginaire et d'en profiter, sans s'y perdre...

Si le jeu déborde, que faire ?

Il arrive qu'au cours d'un jeu un enfant déborde : il devient complètement excité, et comme aspiré par son monde intérieur en surchauffe ! Les émotions sortent de façon brutale, bref, le jeu n'est plus.

Prenons un exemple : Tom et ses copains jouent aux cow-boys et aux indiens. Si à un moment donné, Tom le cow-boy se retrouve confronté intérieurement à un flot de pulsions agressives ou de toute-puissance trop envahissant, (« Non ! C'est moi qui te tue tout le temps, parce que c'est moi le plus fort ! »), il ne va plus pouvoir se canaliser ni se relier sereinement aux autres. Il va finir par exploser et du même coup faire exploser le jeu: car Tom va alors décharger ses pulsions agressives dans le réel, sous forme de coups de pied à ses camarades, de crise de colère ou autre.

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Aussi, si l'enfant commence à être trop submergé lors d'un jeu, il est important de vérifier certaines petites choses !

  • Quelle est la tension sous-jacente qui l'empêche de jouer sereinement ? Se sent-il insécure ces temps-ci ? Fatigué ? Inquiet par quelque chose ? Dans ce cas, l'amener doucement à quitter le jeu pour lui éviter d'exploser, (car un enfant peut se sentir très mal après un jeu qui le fait déborder). Puis, le calmer en le réconfortant est important. Et une fois le soucis de base compris, parler avec lui, et travailler à régler ce soucis !

  • Pour les jeux à plusieurs, observer pourquoi il a du mal à tolérer que les autres prennent leur place : se sent-il ces temps-ci rejeté, exclu ? (arrivée d'un autre enfant dans la famille, rejet à l'école par un copain qui lui donne le sentiment d'être nul, le blesse dans son ego ?) Ici aussi, essayer d'identifier la petite faille intérieure du moment, et l'aider à l'apaiser, à reprendre confiance en lui, etc.

  • Rappelez de temps en temps : on joue, donc, on fait semblant !

 

 

Maintenant......à vous de jouer !

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©cestpsysimple.janv2018

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